L'art de la forge

Travail à froid et travail à chaud

En fonction de l’ouvrage à réaliser, il y a différentes façons d’aborder la matière selon le choix des profilés, des sections… Nous aborderons ici principalement les profilés pleins sachant que les profilés creux (les tubes) se travaillent uniquement en assemblage par soudure et mise en forme par cintrage à froid, sauf exception de formage à chaud à des fins artistiques ou en chaudronnerie traditionnelle.

Travail à froid

La mise en forme à froid est une part importante des réalisations de ferronnerie. Mais il s’agit de cintrage et déformations en conservant la section du profilé (je n’évoquerai pas ici les écrasements ou étirements par machine hydraulique). Cela se pratique au marteau sur un « tas creux » ou à l’aide de griffes et griffons d’enclume ou d’étau. Cela permet une approche très précise où l’œil joue un rôle essentiel pour être efficace, comme dans toute approche manuelle, toute appréhension et compréhension.

Travail à chaud

Cette appréciation est valable également dans le travail à chaud. Celui-ci peut permettre des cintrages et mises en forme plus serrés qu’à froid et sans écrouir le fer ou l’acier, mais surtout réaliser une transformation de la forme initiale du morceau que l’on choisit (on peut former une tôle à partir d’un bloc épais). On entre dans un autre domaine semblable au travail du modelage, un modelage permis entre 800 et 1100 °C sur une enclume.

Il s’agit d’un jeu de stratégie où l'on se doit de calculer la masse ou la section nécessaire à la réalisation de l’ouvrage (en tenant compte de la perte de matière au feu), puis déterminer l’ordre de l’intervention - comme dans toute activité - afin d’arriver à ses fins, compte tenu des contraintes de la matière : résistance, accès du marteau ou du burin, de la pince et préservation de certaines parties qui ne doivent pas subir d’écrasement au risque de ne plus avoir assez de matière pour le reste de l’ouvrage. Ce travail du fer à la forge permet également les assemblages à chaude portée, les soudures à la forge, qui accentuent un peu plus encore la difficulté d’exécution - ce qui était le quotidien de nos aïeuls.

Quelle est notre méthode de travail ?

Personnellement, je trouve que le travail à chaud est la plus belle part de l’ouvrage qui associe créativité, ingéniosité et discipline, ou dit autrement, intuition, technique et précision.

On est seul à négocier avec la matière, à s’organiser pour arriver à ses fins tout en la respectant. Les bonus du jeu viennent avec l’observation, l’attention, la réflexion, le respect, l’habileté et la concentration, permise entre autre par la répétition. Mais malgré tous ces efforts, il y a souvent des rappels à l’ordre, quelques déconvenues comme pour tester notre humilité, notre ténacité et notre perfectionnement. Si on prend à cœur ce type d’activité, c’est une réalisation personnelle qui associe la tête et le corps, le respect de la matière comprenant celui du corps.